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Ligne de crête et ……. ligne claire !

A l’origine, une LIGNE de CRÊTE : celle des hautes montagnes du Yunan où Li KUNWU, auteur-dessinateur d’Une vie chinoise a vu le jour dans les années 50.

Une LIGNE de VIE aussi, sinueuse comme les méandres de l’Histoire, lacérée par la violences des faits, obstruée par la nécessité d’oublier pour avancer.

Une LIGNE de CŒUR, ensuite : celle de l’amitié entre deux hommes, Li KUNWU et Philippe OTIE, actuel directeur français d’UBI France à Wuhan, scénariste et co-auteur d’Une vie chinoise.

Une amitié exigeante, qui se nourrit du goût de l’oriental comme de l’occidental pour la controverse, pour l’échange intellectuel . Une amitié pudique aussi quand l’émergence des sentiments enfouis submerge le dessinateur confronté à son passé.

Une LIGNE de CONDUITE, enfin : un respect inconditionnel de l’autre dans sa différence, ses amnésies conscientes ou inconscientes, ses doutes et ses douleurs.

En LIGNE d’HORIZON : un projet, périlleux , humainement, artistiquement et politiquement : raconter l’Histoire de la Chine des années 50 à nos jours , « à hauteur d’homme », « sans généralisation excessive », en suivant « une ligne de crête » autrement plus étroite que celle des montagnes du Yunan, « sans tomber dans les précipices de la propagande ou de la critique ».

Lorsque le public chinois ou francophone arrive à l’Antenne de l’Alliance Française, ce mercredi 26 avril 2014, pour la soirée interculturelle mensuelle, proposée par Fabienne CLEROT, directrice de l’Alliance et les Amis de l’Alliance Française , il pense avant tout assister à une présentation de la bande dessinée Une vie Chinoise , récompensée par de nombreux prix, à une rencontre dédicace avec Philippe OTIE, son scénariste.

Mais très vite , il comprend que derrière ce titre épuré, se cache l’accouchement d’un homme à lui-même, le passage du dessinateur de propagande, à l’auteur de BD au trait et à l’univers très personnels.

Se cache aussi un regard renouvelé de l’occidental qui peu à peu comprend mieux, par exemple, l’importance des « Guanxi », entrelacs de relations « qui font que je dépends d’autres personnes et que d’autres personnes dépendent de moi maintenant et plus tard » . Dans la culture chinoise, « personne ne s’appartient réellement », nous dit Philippe OTIE .

L’auditoire mesure très vite la difficulté de l’entreprise quant à « une lecture commune de l’Histoire », quant à « un vocabulaire commun » pour en parler . Et lorsque dans la salle, des étudiantes de l’Université de Wuhan apportent spontanément leur témoignage à travers le récit que leur ont fait leurs grands-parents de certains événements, à travers leur propre perception de leur pays actuel, le public sait que Li KUNWU et Philippe OTIE sont parvenus au sommet de la montagne qu’ils ont mis 5 ans à gravir.

Une vie chinoise, comme tant d’autres vies chinoises, celle des plus de 50 ans, qui font preuve d’une « belle souplesse mentale » pour « y croire, se mobiliser, se plier, oublier et recommencer » ainsi que conclut Philippe Otié.

Après le succès d’Une vie chinoise Li Kunwu a retrouvé ses montagnes du Yunan et leurs lignes de crête, poursuivant son travail de dessinateur et d’auteur de BD . Dans cette Chine en mutation, il poursuit son œuvre de mémoire, ayant trouvé, par les souvenirs libérés, par les mots échangés , par l’encre et le papier, SA personnalité. Et, si, dans un récent ouvrage il a construit « Une Voie ferrée au-dessus des nuages », avec son ami Philippe OTIE, dans Une vie chinoise, il a bel et bien tracé, entre l’Histoire et son histoire , entre le passé et le présent, une ligne (un peu plus) ….. claire !

Marie-Christine Huguenin

Coordinatrice des Amis de l'Alliance française

Tag(s) : #RV interculturels
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